Par Yana Bekima
Les Africains cherchent aujourd’hui à construire une société de leur choix. Le Sénégal vient de donner courageusement un coup de pied dans la fourmilière de la françafrique en élisant Bassirou Diomaye Faye, un candidat souverainiste. Quelle belle surprise démocratique ! l’événement représente à la fois une victoire, un coup de tonnerre et un avertissement. Le candidat Mamadou Ba est allé en France avant les élections pour chercher « l’onction de Paris » afin de devenir président dans l’espace ou mieux l’enclos françafricain.
Or, il a oublié que les temps ont changé et que le seul fait de se rendre à Paris en 2024 le disqualifiait. Cependant, celui de l’opposition qui vient de gagner, suite à une mobilisation sans précédent, est resté aux Sénégal pour vulgariser son projet de société sur le terrain et pousser les gens à s’inscrire sur les listes électorales. Cette nette victoire de l’opposant antisystème Bassirou Diomaye Faye (qui s’est imposé avec 54,28% des voix) sonne enfin un double avertissement aux politiciens africains tentés de s’accrocher indûment au pouvoir.
Une belle relève
Les Africains sont aujourd’hui dans une rupture de type systémique et qui s’explique en partie par le facteur démographique. L’Afrique en général comporte une population jeune (Plus de 70% de la population a moins de 35 ans) et l’on note une évolution complètement divergente de ce point de vue. Grâce à une démocratie vivante où la constitution reste la norme la plus importante, les élections doivent aider à construire une belle relève. C’est un devoir impérieux pour tous les États africains et même une urgence, surtout quand les valeurs humaines se perdent. Ce qui est somme toute logique.
La Jeunesse sénégalaise
Elle reçoit un flux d’informations grâce aux réseaux sociaux qui lui permet de nourrir sa réflexion et d’aller contester les discours officiels français. Il y a chez elle cette capacité de distinguer : en fait ce que vous dites à l’un, vous ne le dites pas forcément à l’autre. L’occident est mal perçu dans ses réactions et dans ses propos aujourd’hui. En d’autres termes, la parole institutionnelle française est donc galvaudée à cause de sa politique du double standard. La France ne respecte pas elle-même les règles qu’elle essaie d’imposer en Afrique francophone. L’on note qu’elle a juste une appétence pour les ressources minières des États africains.
Tout n’est pas perdu. Tout peut encore être sauvé.
Les jeunes ne se font plus d’illusions. Ils se lancent en politique pour changer le destin de leurs États, parce que je crois qu’ils peuvent encore agir, malgré la situation économique grave et je ne retire pas un seul mot de la manière dont je l’analyse. En outre, ils savent désormais que la souveraineté c’est la capacité d’être indépendant sur tous les plans. « La France n’est pas responsable du clientélisme, des détournements des deniers publics de l’incompétence de nos leaders incapables d’identifier les priorités. Elle n’est pas responsable forcément du bradage de nos ressources même si elle en bénéficie très largement. Tout cela est de la responsabilité de nos dirigeants incompétents, incapables et qui ne sont pas des patriotes. Mais il est temps que la France lève son genou de notre cou. Sept siècles de misères fait de traite humaine, de colonisation et aujourd’hui de néocolonisation. Cela suffit. », Dixit Ousmane Sonko.
La victoire est celle des institutions
Ce qui se passe au Sénégal aujourd’hui implique que beaucoup de choses pourraient certainement changer en Afrique, surtout dans l’espace francophone, je le pressens face à la vague qui monte mais, il ne faut surtout pas céder à la peur. La solidité de la démocratie sénégalaise représente aussi un message fort adressé aux peuples africains : « le vote peut, lui aussi, permettre de « renverser la table ». Les présidents Africains devraient désormais apprendre à avoir peur de leur peuples, unis comme une nation. Au Sénégal, le peuple a gagné, oui, et personne d’autre !
